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Le duo Brubaker / Phillips revient à ses premières amours avec sa série phare, Criminal, le temps d’un tome hors-série.
La série de comics Criminal est celle qui m’a fait me remettre aux comics sérieusement il y a maintenant un peu plus d’une quinzaine d’années. J’avais tout de suite été happé par son ambiance glauque/sans concession, façon film noir, le tout dans une saga qui s’étale sur de nombreuses pages avec des personnages que l’on recroise selon les tomes.
Depuis, je n’ai raté (quasi) aucune sortie du duo Ed Brubaker / Sean Phillips, qui sont rapidement devenus parmi mes auteurs préférés, et dès qu’ils sortent un comics je me le procure dès que possible. Certes ils ont eu quelques ratés ça et là (Incognito, Night Fever), mais Criminal a toujours été dans le haut du panier.

Cependant, j’ai mis plus de temps à me lancer dans ce nouvel opus, car n’ayant plus lu de Criminal depuis un moment (Brubaker et Phillips étant occupés avec d’autres projets annexes dont les très bons Reckless, que je ne peux que vous recommander), je voulais relire quelques anciens tomes, sur les bons conseils d’Alex Nikolavitch, traducteur de la série depuis toujours, car je ne me souvenais plus tellement des personnages.
Ici, nous allons retrouver entre autres Jacob, l’auteur de comic strips qui a un petit passif de faussaire (et de schizophrène violent), Angie, l’orpheline de l’Undertow le bar lieu de rendez vous des malfrats, et le non moins fameux Tracy Lawless, un ancien des forces spéciales, qui a aussi été homme de main de la pègre locale.
Nous vieillissons, et les personnages de Criminal également
Le format « roman graphique », bien que les auteurs n’aiment pas utiliser ce terme (disons dans ce cas « comics non publié sous forme d’issues »), permet d’installer tranquillement l’histoire et ses protagonistes. Le rythme est donc ici plus lent qu’un comics Criminal classique.
Ce tome sert également, en quelque sorte, à combler les vides et raconter tout ce qu’il s’est passé dans le monde de Criminal pour les personnages principaux depuis le début des années 2010 à aujourd’hui, ce que j’ai trouvé très appréciable, aimant beaucoup les histoires avec des personnages qui vieillissent en temps réel (Locas, de Jaime Hernandez, en étant le meilleur exemple). Au passage, je ne m’attendais pas du tout à voir le confinement dû au Covid-19 intégré dans un album de Criminal.
L’histoire prend le temps de se développer, mais est captivante de bout en bout.
On ne suit d’ailleurs pas d’enquête, contrairement à la plupart des anciens tomes de la série, mais on se laisse plutôt porter par les événements qu’on nous présente : entre autres la carrière de Jacob en tant que scénariste pour Hollywood, après l’adaptation de son comic strip phare, et son lien avec sa tante, le retour de Tracy à la ville après qu’il ait été réintégré dans les forces spéciales, mais aussi Angie, barmaid de l’Undertow dont La Grogne s’occupait depuis le décès de sa mère suite aux évènements du tout premier tome (oui, ça remonte à presque 20 ans !).

Brubaker signe avec Les Acharnés une histoire qui fait écho à son expérience personnelle (lire la postface à ce sujet), et les trois protagonistes principaux vont finir par se retrouver pour un final explosif. Comme toujours la qualité est au rendez-vous, autant par le scénario, qui prend son temps mais reste captivant de bout en bout, que par les dessins de Sean Phillips et les couleurs de son fils Jacob.
Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre l’adaptation en série TV de Criminal, dans laquelle Ed Brubaker officie en tant que showrunner (ce qui est rassurant) et qui devrait sortir sur Prime Video en 2026. Un nouveau tome de Criminal est également d’ors et déjà prévu, et fera cette fois la part belle à Ricky Lawless, le frère décédé de Tracy.

Description
Scénario : Ed Brubaker / Dessin : Sean Phillips / Couleur : Jacob PhillipsSortie : 5 Novembre 2025
Delcourt - 200 pages
Prix : 29,95 €
J’ai aimé
- La qualité d’écriture
- Retrouver des personnages qui ont veilli
J’ai moins aimé
- Rien, foncez !

