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Le cowboy imaginé par Morris il y a bientôt 80 ans est de retour dans un album hommage par le trio Appollo / Brüno / Croix.
Lorsque j’ai vu qu’un nouvel album de Lucky Luke sortait avec Brüno au dessin, je n’avais qu’une seule hâte, me le procurer au plus vite. La trilogie Tyler Cross, qu’il avait réalisée avec Fabien Nury, en termes de dessins et découpages, fait partie de mes bandes dessinées favorites.
Comme toujours avec Brüno, nous avons droit à des plans très cinématographiques. J’ai toujours l’impression de « regarder un film en BD » lorsque je lis un de ses albums, et c’est également le cas ici. Dès les 2 premières planches, le découpage frénétique nous happe, avec des cases entrecoupées d’écrans noirs présentant les noms des auteurs puis le titre. Avec la diligence, le fusil et la neige, il ne manque plus que la musique d’Ennio Morricone pour se croire dans la scène d’ouverture des Huit Salopards de Quentin Tarantino.
7 petites histoires à picorer
L’album se décompose sous forme de 7 histoires, avec le cowboy qui tire plus vite que son ombre en protagoniste commun. J’avais peur que ce format là me gêne, car chaque histoire dure au mieux 10 pages, ce qui est peu pour développer une idée et s’attacher à des personnages. Mais en fait, la plupart des histoires sont interconnectées et nous allons retrouver certains personnages selon les chapitres, donc cela reste assez linéaire.

De plus, ces mini histoires suffisent à instiller une ambiance générale à ce Dakota 1880, et nous en ressortons avec le sentiment d’avoir eu plein d’informations et d’en avoir pris plein les mirettes.
Dans cette bande dessinée, Lucky Luke est simplement de passage, bien plus que dans les histoires écrites par Morris, et le véritable personnage principal est ici Baldwin, jeune afro-américain dont la grand-mère a connu l’esclavage. Luke pourrait d’ailleurs être un autre personnage nouvellement inventé, cela ne changerait pas grand chose au récit, car à part le code vestimentaire et quelques expressions, difficile d’y retrouver le personnage écrit par Morris et Goscinny.
Le personnage de Lucky Luke est ici simplement de passage, laissant sa place à des figures de l’Ouest ayant existé (ou non) tels que Baldwin Chenier, Annie Oakley ou encore Louis Riel.
Lucky Luke rencontrera dans son périple de véritables figures de l’Ouest : Annie Oakley, jeune tireuse d’élite, et Louis Riel, chef rebelle des métis franco indiens du Canada. Les thèmes abordés, comme l’esclavagisme, sont donc sérieux, et le trait sans concessions de Brüno, couplé aux magnifiques couleurs de Laurence Croix (qui officiait aussi sur Tyler Cross), tous deux entièrement maîtrisés, viennent renforcer le message. Mes histoires préférées iront à « 40 acres et une mule », « Plus vite que son ombre » et « Querelle ».

À la fin de l’album, une vraie fausse interview nous explique que Baldwin Chenier a vraiment existé et aurait côtoyé Lucky Luke. Ce procédé à la Inception m’a grandement rappelé un comics que j’ai lu récemment (et que je recommande), Fantastic Four – Molécules instables de James Sturm et Guy Davis, à la fin duquel le même procédé était utilisé, et qui m’avait bien embrouillé l’esprit : une fausse histoire avec de fausses preuves et de fausses sources, un travail assez fou pour nous faire croire que les 4 Fantastiques étaient inspirés de personnes réelles. Est-ce que les auteurs ont été inspirés par celui-ci ? Allez savoir.

Description
Scénario : Appollo / Dessin : Brüno / Couleur : Laurence CroixSortie : 31 Octobre 2025
Dargaud - 64 pages
Prix : 16 €
J’ai aimé
- Les dessins et découpages
- L'aspect road trip et rencontre de personnages en cours de route
- Les décors et couleurs
J’ai moins aimé
- On reste un peu sur sa faim, on en voudrait plus !

