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Une chronique adolescente à la fois tendre et cruelle, dans les paysages enneigés d’Amérique du Nord.
Il y a des bandes dessinées et comics qui sont déjà très bons en noir et blanc, mais qui gagnent une toute autre dimension une fois colorisés. Je pense par exemple à Scott Pilgrim de Brian Lee O’Malley, et c’est aussi le cas avec Orignal, de Max de Radiguès dont il est question aujourd’hui.
Dans les deux cas, j’étais obligé de racheter en couleur ces bandes dessinées, tellement la valeur ajoutée me plaisait.

Cette bande dessinée avait donc initialement été prépubliée en noir et blanc en anglais sous le titre Moose en fanzine, puis en français dans la collection Shampooing de Delcourt. Elle est ressortie l’an dernier chez Casterman avec une colorisation de Nicolas Vilet, dans un joli format hardover (en même temps que la ressortie couleur de Bâtard, du même auteur).
Cet album reste en tête après la lecture de par sa dureté, toute en contraste avec les planches au trait candide de Max de Radiguès
Du côté de l’histoire, nous suivons ici Joe, un collégien d’Amérique du Nord harcelé par un camarade de classe.
Son bourreau, Jason, ne lui laisse aucun répit, et s’enchaînent des situations toutes aussi horribles les unes que les autres, qui rappelleront les heures sombres du collège, pour celles et ceux qui n’étaient pas haut placés sur l’échelle de la popularité.
Max de Radiguès, avec son trait candide et caractéristique, arrive à parler en toute simplicité de sujets importants, comme le harcèlement scolaire donc, mais aussi de l’homoparentalité, et il se permet également d’aborder les premiers émois sexuels dans une scène assez marrante lorsque Joe se retrouve en retenue. Les couleurs ajoutent, je trouve, beaucoup à la BD originelle, ne serait-ce qu’en termes de narration, car cela met l’accent sur le moment de la journée durant lequel Joe traverse la forêt qui mène à son collège (ou à sa maison, selon le sens du trajet).

Mais le sujet et la lecture restent assez durs, certaines scènes sont même très crues. Je ne sais pas à qui est destiné ce récit, je pense plutôt à des adultes qui pourraient avoir été harcelés pendant leur cursus scolaire, pour qui cela va résonner (c’est mon cas), plutôt qu’à des adolescents en train de le vivre, à qui je ne le conseillerais peut-être pas. Surtout que la fin, plutôt ouverte (mais selon comment on l’interprète, assez fermée en fait) semble assez terrible et laisse à désirer côté morale.
En conclusion, et ayant lu quasiment toutes les œuvres de Max de Radiguès, je pense que c’est ici sa BD la plus dure, la moins morale, mais aussi une de celles qui vous resteront le plus en tête à la fin.

Description
Scénario / Dessin : Max de RadiguèsSortie : 14 Février 2024
Casterman - 160 pages
Prix : 25 €
J’ai aimé
- Le dessin et les couleurs
- Le sujet traité en simplicité
- Les origines du projet décrites dans les bonus
- La fin immorale
J’ai moins aimé
- La fin immorale

